C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

Recherche dans une partie de l'article 
 Résultat de la recherche de DESCH., M.M. 
1

ABAISSER   
1.

"Réduire, détruire" : En l'un des ruisseaulx sont laissées Ordes taiches et abaissées, En l'autre(,) sont les choses mondes (DESCH., M.M., c.1385-1403, 217). [Seul ex.]

2

ABAISSER   
-

"S'humilier" : ...qui s'abaisse Dieux l'acrout (DESCH., M.M., c.1385-1403, 300). Qui ["Ce qui"] estoit bien cause assouffisance [l. a ssouffisance], S'elle eust voulu telle vengence, De me faire bien abaisser. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 38). Que nous nous devons abaissier et ensieuvir Jhesucrist par sa croix. (Internele consol. P., 1447, 248).

3

ABANDONNER   
3.

"Renoncer à la possession de qqc." : [Les Gantois révoltés, pendant leur guerre contre le comte de Flandres] il estoient si en unité que point de diferent n'i avoit, mès metoient avant or et argent, jeuiaulx et chavance, et qui le plus en avoit, il l'abandonnoit (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 219). Qui n'a qu'un pain et l'abandonne, Il ne puet nourrir sa personne (DESCH., M.M., c.1385-1403, 199). ...mais luy [Jean d'Alençon] qui estoit josne enffant n'en voult riens faire, et ayma mieulx a abandonner tout le sien et garder sa loyaulté envers vous, que soy mettre en subgection de vos ennemis. (JUV. URS., Exort., 1458, 420). Pour toy servir et honnorer, Abandonner Tout ce que j'ay, Jhesus, vouldroye. (Pass. Auv., 1477, 131).

4

ABANDONNER   
3.

"Se laisser aller à + inf., se livrer sans retenue à" : ...a truander s'abandonnent. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 283). ...et quant Verité fault, Erreur et Fausseté s'i boute. N'est, a la foiz, si saige qui n'en soit deceu s'il s'abandonne a l'escouter. (GERS., Annonc., a.1400, 234). Plusieurs (...) pour gaaignier grosses mereles Deffendent les faulses quereles, Et s'abandonnent A servir ceulx qui plus leur donnent (CHART., L. Dames, 1416, 282). Et pour ce il s'est habandonné legierement à vivre extraordinairement en plusieurs contrées de nostre dit royaume sur les champs ou plat païs, sur nostre peuple et subgiez, en prenant et raençonnant, batant et destroussant (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 327). Ung sien filz appellé Maxence, Le plus cruel en son absence Pour mutiler char de cristien Qui soit sur la terre, et si tien Que volentiers s'i habandonne. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 7).

5

ABELLIR   
-

[En mauvaise part] "Séduire" : La faveur que l'en a premier Au monde est l'odeur du pommier A la pomme et du fruit qu'il porte, Qui la faveur mondaine ennorte, Dont la couleur nous abellit (DESCH., M.M., c.1385-1403, 228).

6

ABRÉGER   
-

Abreger qqc. à qqn. "Hâter, accélérer qqc. pour qqn" : Mieulx vaulsist bon varlès (...) Qu'a tel femme mariez estre, Qui abrege au mari la mort (DESCH., M.M., c.1385-1403, 68).

7

ABRI   
"Abri" : Fai moi de toi .I. esconsal, Un abri et un repostal Ou je me puisse aler bouter Pour ta favresse et abrier (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 384). Et cil n'eust ne abril ne hourt [Éd. :«ni abri ni rempart de bois»] Entour lui (DESCH., M.M., c.1385-1403, 318).

8

ABSOLU   
-

[D'un jugement, d'un propos, d'un dire] "Catégorique, formel, net, sans appel" : [Jherome] dit par parole absolue... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 177). Si commencierent a solliciter le roy que response absolue de son entencion leur voulsist bailler (Bouciquaut L., 1408-1409, 360). Monseigneur le curé ne fut pas trop joyeux de ceste response absolue (C.N.N., c.1456-1467, 294).

9

ABSOLUMENT   
-

"Tout à fait, complètement" : ...homs a deux seigneurs servir Ne puet pas bien et le plesir De tous deux faire absolument (DESCH., M.M., c.1385-1403, 353). ...il nya pleinement et absolument ledit fait (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 216).

10

ABSOLUMENT   
.

DR. "Sans appel" : Ceste sentence (...) ne doit estre rendue Absolument (DESCH., M.M., c.1385-1403, 344).

11

ABSTENIR   
1.

"Se priver de qqc., s'en passer" : Et ne pooie estre assevis Dou loër, ce m'estoit avis, Car abstenir ne m'en pooie, Tant doucement de cuer m'aloie. (MACH., D. Aler., a.1349, 376). ...il est en ma franchise (...) De m'abstenir de mariage Ou de marier (DESCH., M.M., c.1385-1403, 350). Cestui eut à disciple Erupides, qui puis fut souverain astrologien, lequel fut de merveilleuse abstinence, comme dit saint Jerosme en son second livre, qui dit que non seullement de chair cuite se abstenoit, mais aussi de toutes choses, c'est assavoir qu'il ne mengeoit riens cuit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 50 v°).

12

ABSTINENCE   
-

En partic. "Se priver de nourriture" : ...qui peche par habondance, Purgier le fault par abstinence (DESCH., M.M., c.1385-1403, 238). La premiere [espèce d'attrempence], abstinence, Qu'est de refraindre et faire moderence Contre la chair, en troup boire et mengier, Et soi garder d'enyvrer de legier (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, vers 1568).

13

ABUS1      | 2   
-

Faire un/des abus (à qqn). "Exercer une action abusive sur qqn ; le maltraiter, le malmener" : ...tant faire D'abus, d'excès, d'extorcions (DESCH., M.M., c.1385-1403, 156). ...ledit Maciot Beauté criera mercy en la Court de ceans et demandera pardon au procureur general du Roy des abus et exactions par lui commis et faictes ou prejudice de la chose publique (FAUQ., I, 1417-1420, 381). ...la cognoissance des deliz, malefices, excès et abus qui pourroient estre faiz aus devant dis parroissiens... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1425, 197). ...et que pour l'abus qu'il ly ont fait, il soient condempnez chacun en une emende arbitraire à appliquer à mondit seigneur et juesques à la somme de cent L salutz (Ecorch. Ch. VII, T., 1447, 502). En ce temps messire Robert d'Estouteville, chevalier (...) fut mis et constitué prisonnier en la bastide Saint-Anthoine à Paris (...) pour aucunes injustices ou abus qu'on lui mettoit sus qu'il faisoit en excercant sondit office (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 11). ...iceluy duc de Bourgogne, par ses promesses et abus qu'il faisoit aux habitans, fist en pluseurs lieux mectre hors les gens du roy, et mectre les places et villes en son obéissance. (RAOULET, Chron. Ch. VII, V., c.1461-1467, 158). En ceste partie est Enfer Ou sont Sathan et Lucifer, Belial et Bellezebuthz Qui aux pecheurs font maintz abus (Myst. st Laur. S.W., 1499, 125).

14

ACCIDENT1      | 2   
B. -

"Événement fâcheux" : Si vous diray autre nouvelle, Et vous feray un incident, Pour un mervilleux accident Qui adonques avint au Quaire Pour le traitié rompre et deffaire. (MACH., P. Alex., p.1369, 181). Si qu'il li vint un accident, Qu'il faut qu'en païs d'occident Voist briefment au pape parler. (MACH., P. Alex., p.1369, 217). Qui trop despent, il se deveure. Ta despense ne soit tenue Si grande com ta revenue, Pour doute d'aucun accident, Car lors seroies indigent, Se ta despense estoit pareille A revenue (DESCH., M.M., c.1385-1403, 115). Il convient l'amant embrachier voulentiers toutes choses dures et ameres pour son ami et non estre rebouté de lui pour quelques accidens contraires. (Internele consol. P., 1447, 81). ...a cause de son dueil fut en tresgrand dangier de suyvir par semblable accident sa tresloyale espouse. (C.N.N., c.1456-1467, 425). ...comme [les] jeunes et tendres florettes se sechent et amatissent quand aucun petit accident leur survient, contre l'ordonnance et inclinacion naturelle (C.N.N., c.1456-1467, 573). Aucuns dient qu'il fut filz de celui homme, à qui par accident la main senestre fut ostée et ung an après lui fut restituée et, pour enseigne de ce miracle, ou lieu de la conjunction demoura une cycatrice en semblance d'une ligne de sang. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°). Durant le temps qu'il fut illec dedens (...) Ordre donna par moyens evidens Aux dangereux et divers accidens Qui destourner povoyent sa quietude (LA VIGNE, V.N., p.1495, 191).

15

ACCOLEMENT   
A. -

"Embrassement, étreinte" : Ainsi doit estre faicte la royne (...) ; et est assise a senestre pour les acolemens de son mari (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 137). Il n'est riens que femme ne ruse, Et se par plaidier ne l'avoit, Par pleurs et larmes l'obtendroit, Par baisiers, par embracemens, Par regars, par acolemens (DESCH., M.M., c.1385-1403, 99). Et Adriana, soy longuement complaignant de ce que Bachus avoit surespousé la fille du roy de Inde, il la rapaisa par accolemens et flateries (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 129). ...appellant sans mot dire trop bien son marchant a ce baiser et accolement (C.N.N., c.1456-1467, 431). Le duc doncques trouva le roy à moins d'une lieue près de la ville, là où la bienveignance et l'accollement des deux faisoient bel à voir, et bel à oyr aussi les mots par lesquels ils s'entre-honorèrent. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 359).

16

ACCOLER   
a)

"Mettre ses bras autour du cou de qqn" : Ma suer, ma compaigne loyal, M'amie chiere, acole moy ! (Mir. enf. ress., 1353, 74). Venus qui estoit pres de la Son dous ami chier appella Qu'elle baisoit et acoloit (MACH., C. ami, 1357, 85). Illecques songoie Qu'acolé avoie, Par grant amistié, Celle que j'amoie. (MACH., App., 1377, 647). Par le menton et par la bouche La prant, estraint, acole et baise (DESCH., M.M., c.1385-1403, 123). Dit, avec ce, que sondit ami a couché et dormi sur ledit oreillier, durant le temps que les deux c...ns y furent, deux ou troys nuis ou environ, et nomplus ; et que quant elle vouloit baisier, acoler ou soy esbatre, par aucune avanture, avec sondit ami, elle li ostoit ledit oreillier de dessoubz la teste (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 338). Et quant Alain et ses enfans l'ouyrent, si le coururent acoler et baisier, et plouroyent de joye et de pitié. (ARRAS, c.1392-1393, 59). ...or sans renchiere Tirez vous ça, sur ce point, Et m'acoleres vous point ? (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 111). ...ie ne suis pas digne estre appele ton filz ne de porter en moy ton ymage. Et lors nostre pere doulz et begnin nous accolera et baisera par sa grace et reformera cest ymage, et puis nous introduira en sa maison et nous fera le grant conuis sur la table de sa bonte. (CIB., p.1451, 205). Je me dementoye, En demandant quant je verroye Jozaphat, mon bon escolier, Priant Dieu que peusse acolier Son corps o moy davant ma fin (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 649). ...au passer que les dames et damoiselles firent, a toutes toucha la main, acola et baisa, puis monta a cheval (LA SALE, J.S., 1456, 273). ...elle le prend a braz et baise et accole tant doulcement qu'on ne pourroit plus (C.N.N., c.1456-1467, 188). Et, quant le Jouvencel eust prins port, le roy Amydas vint au devant de lui et le acolla et print entre ses bras et lui dist : "Mon filz, mon amy, vous soyez le très bien venu ; je vous offre ma fille, je vous offre mon royaume, qui est petite offre, car je n'y ay plus riens, sinon que Dieu et vous m'y remettez." (BUEIL, II, 1461-1466, 178). ...tous les capitaines Y deschausserent leurs mitaines De fer, de peur de m'affoler, Et si me vindrent acoler (Fr. arch. B., c.1468-1480, 33). Je suis coinde et jolie ; Pour ce amie Doulcement me viendré acouler (Pass. Auv., 1477, 135). Ceulx que j'acolle et tiens en mon escolle Si bien recole et en amour enflamme, Qu'ilz ne m'oublient jusques au rendre l'ame. (Cene dieux, c.1492, 108).

17

ACCORD   
.

Estre de durs accords. "Être d'humeur revêche" : Se male est et de durs accors, Et qu'elle me riote et tance, Ce sera trop dure sentence, Paine et travail non supportable, Vie a moi et a lui dampnable (DESCH., M.M., c.1385-1403, 25).

18

ACCORD   
a)

"Avis, opinion" : Et nepourquant plus digne est homme Que n'est la fame, c'est la somme ; Si doit son conseil estre avant, De tant comme il est plus savant. Pour ce du tout a tel acort, Que vous voudrez, du tout m'acort, Et si vei ci tout cest païs A vous enclin et envaïs A vous servir et honnourer (Vie st Evroul S., c.1350, 51). Il [le chevalier] a hui passet ordenance De tournoy, par son hardi corps. C'est li assens et li acors Des dames et des damoiselles, Des chevaliers et des pucelles, Que li faucons li demorra (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 114). A cest accort me vueil bien mettre, Mais que vous deux y vueilliez estre, Si sarez se j'ay tort ou droit. (Mir. march. juif, c.1377, 214). Si veult il dire et recorder, Et a son accort me consens, Que li saiges pert la son sens : Donques ne doit il femme prandre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 42). Seigneurs, actendés, s'il vous plest ; Ayés ung peu de pacience. Monseigneur vient a diligence Pour entendre a tous vos accors (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 334). Si le malade est opprimé De maladie en son corps, Et d'angoisse assez fort primé, Qui encores ensuir les recors Du bon medicin et accors Ne veult, si apres a douleur, C'est bien fait, car c'est bien son eur. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 229).

19

ACCORD   
.

C'est mes accords. "C'est mon avis" : ...si sailli hors, Quant il ot bien oy tous nos descors. Si nous loa que li drois et li tors Fust mis seur vous, et ce fu nos acors. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 117). De quoy on voit tout en apert Que qui tout convoite tout pert, Car on en pert l'ame et le corps, Joie, honneur. Et c'est mes acors. (MACH., R. Fort., c.1341, 102). Et puis que premiers clers estoit Uns nobles homs, il s'ensuioit, Puis qu'il fust chevaliers après, Que chevalerie de près Suioit, et en un mesme corps, La clergie, c'est mes accors. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 265). Trescher sire, prenez la sente. Alons nous en, c'est mez accors. (Moralité six pers. A., c.1490-1520, 515).

20

ACCORDABLE   
3.

MUS. "Harmonieux" : ...par le touchement des marteaulx [les cloches] donnent sons acordables selon lesdictes .VI. notes, proferans les sequences et autres choses des chans de saincte Eglise. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 270). ...le chant acordable du ciel dure continuelment sanz cesser (ORESME, C.M., c.1377, 482). Après celle saincte viande Que l'Escripture recommande, Après le tympanne mortel, (...) Après celle harpe acordable Qui des meurs forme l'acordance, L'ame qui a son esperance A Dieu, en sa chambre se boute Comme espouse, et toudis se doubte Que ne soit digne d'y entrer, C'est ou secré de son penser (DESCH., M.M., c.1385-1403, 254). ...mais par longue accoustumance sa voix, qui souloit estre laide et mal accordable et desplaisant a ouÿr, il ramena a doulceur et accord mesuré et plaisant a ouÿr (Bouciquaut L., 1409, 429). Oïr la doulce melodie de leurs chans [des anges] louant Dieu incessamment, plus accordable que autre quelconques musique, souefve et delittable sur toute chose (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 46). Et par dedans les courtines soient troys ou .IIIIe. jeunes enfans tresbien touchans l'un le rebeth, l'autre le leut, sauterion et arpe, et d'autre part qu'ilz aient bone voix pour chanter chansons acordables, doulces et amenables affin que il soit advis proprement que ce soient serennes dedans mer pour leur clerement chanter. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 148).

21

ACCORDANCE   
1.

"Harmonie" : Après celle saincte viande Que l'Escripture recommande, Après le tympanne mortel, (...) Après celle harpe acordable Qui des meurs forme l'acordance, L'ame qui a son esperance A Dieu, en sa chambre se boute Comme espouse, et toudis se doubte Que ne soit digne d'y entrer, C'est ou secré de son penser (DESCH., M.M., c.1385-1403, 254).

22

ACCORDEMENT   
1.

"Réconciliation" : Soubdainement sont faiz amis En celle heure les ennemis (...) De ce joieux acordement Furent es moustiers et es rues Haultes graces a Dieu rendues, Qui par un miracle soubdaing Avoir acordé ce desdaing. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 307).

23

ACCOTER   
B. -

"Se coucher, s'étendre" : Sur une cote riche et quiere S'aqueusterent entre eux deux, Et la pucelle assez loins d'eux S'ala sagement asseïr, Car pas ne les voloit oÿr. (Dit prunier B., c.1330-1350, 77). ...nous avons laissé Le chemin de l'omme lassé Qui près a trouvé la fontaine Belle, reluisant, clere et saine : Si s'est sur la rive acousté, La a estendu son costé (DESCH., M.M., c.1385-1403, 219).

Rem. Dans ces ex. non plus, il n'est pas à exclure qu'il s'agisse de accoster.

24

ACCROCHER   
a)

"Prendre, saisir, attraper, au moyen d'un croc ou d'un objet ou élément crochu" : Guerissiez le [le cheval] en tele maniere : eschaufez .I. fer au feu qui soit fet en la maniere d'une S et en ardés l'enfleüre des dens. D'iceluy fer premiers en acrochiez la bocete entre les dens, tant comme li fer em pourra comprendre. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 366). Deux crochez a [Avarice], qui sont si croche A quoy prent l'autruy et acroche Tousjours a destre et [a] senestre. (Liber Fort. G., 1346, 149). ...pour les cuisines Fault poz, paelles, chauderons (...) Broches de fer, hastes de fust, Croches, havès, car, se ne fust, L'en s'ardist la main a saichier La char du pot, sanz l'acrochier (DESCH., M.M., c.1385-1403, 47). ...les justiciers aujourduy du royaume, d'un des trenchans de l'espee de ma maistresse, (...) ilz ont fait un grant croc, non pas pour trenchier, mais pour accrochier jour et nuyt ung groz poisson, pour faire ung grande provision a leur singulier prouffit, des biens des subgiez de l'office [ici, en cont. métaph.] (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 469). Dont regarda li rois la nef contre qui il avoit jousté, et li plaisi grandement, et dist : "Acroqons nous a celle nef et entrons dedens (...)" si acroqierent li chevalier lor nef a ceste a cros et a chainnes de fier (FROISS., Chron. D., p.1400, 885).

25

ACCROCHER   
C. -

Empl. pronom. à sens passif. "Se trouver malencontreusement attaché, retenu" : ...elle a une isle s'acroche [la nave], Ou se trebuche par les flos (DESCH., M.M., c.1385-1403, 247). En courant sur se mulle, le convint [Absalon] aborder As branques d'un buison qui l'alèrent haper Par ses crins (...) Se vot s'i ackroquier, que là vot demorer. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 316). L'espee du dit suppliant s'acroucha a ung cranequin qu'il portoit a l'arçon de sa selle (Arch. Nord, 1469, B 1693, f° 94 v°, IGLF).

26

ACCROUPIR   
-

Accroupir qqn. "Faire s'accroupir qqn, l'humilier" : Pour ce a chascun son art souffise Et son estat sanz faire emprise De trop ne po querir hault bout ; Car qui s'abaisse Dieux l'acrout, Et qui se hauce plus qu'a point, Cheoir le fault en petit point. [Éd. : «le courbe», mais dans le gloss. : «Élever»] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 300). Par trop luy taire ou estre solitaire, Et sans notaire, on pert bien bruit et brout : Qui trop s'abaisse, on dit que Dieu l'acrout. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 218).

27

ACCUSER   
-

[Sans mention du motif de l'accusation] : Et sachiez que Publius Philo aprez tant de biaux fais a l'ostel et en guerres et tant d'onneurs en luy multipliez fust en hainne aus nobles hommes rommainz, et si l'accuserent, si que il couvint respondre et dire sa cause ; et toutesfois fu il absoulz et delivrez par droit. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 26.21, 49). Si qu'amis, tu te dois mirer En cest exemple et remirer Com Susanne fu accusee Et comme elle fu delivree (MACH., C. ami, 1357, 16). Tantost confessa sans contrainte la trahison et accusa ses compaignons (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1360, 303). ...de l'empereris de Romme que le frére de l'empereur accusa pour la fere destruire (Mir. emper. Romme, 1369, 239). Et se il advient que l'un d'eulz soit superexcellent en ce que il fait plus pour l'autre que l'autre ne fait pour lui, il ne accuse pas pour ce son ami (ORESME, E.A., c.1370, 446). Et saichez que le doulz aignel Suscitera un Daniel Contre les faulx et hors du sens, Qui accusent les innocens, Jugent et laissent les coupables. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 160). On l'assault [l'âme du moribond] et accuse de toutes pars pour la tirer a mort et a perdicion ; Dieu, le munde, les ennemiz, ses oeuvres, son angle et sa conscience. (GERS., Pent., p.1389, 85). ...ledit Jehannin Rubion continua et persevera esdites confessions par lui faites, et autrement que dit est dessus ne charga ou accusa icellui Jaquet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 501). Sapience et Verité nous accusoient, et nous ne sçavions que respondre ou excuser (GERS., Annonc., a.1400, 231). En actendant sans soy lasser, Në autre que vous acuser, Vous convient il le temps passer (CHART., D. Rev., a.1424, 317). PILATE. (...) C'est bon que Jhesus soit mandé, Affin que s'il est accusé Qu'il puist contre l'accusement Respondre pour excusement. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 156). Mais je appelle estre corrompu en autrui, quant on congnoist les choses dessus dictes estre en aucun son semblable ou plus grant ou moindre, puisque on a administracion et communicacion d' office avecques lui, et que on le sueffre ou tollere sans le magnifester et sans en advertir le prince. Se n'est-il que cellui ne craingne d'accuser ung autre pour ce que tantost on dira qu'il le fait pour envye ou pour hayne, ou pour faire le bon varlet. (BUEIL, I, 1461-1466, 50). ...les ditz ambassadeurs Excuserent les seigneurs de Florence, Et accuserent ung tas de ravauldeurs Par qui venoit la desobeyssance (LA VIGNE, V.N., p.1495, 207). Je ne le veulx point excuser ne accuser, et ne sçay s'ilz ont faict bien ou mal de l'avoir faict mourir (COMM., III, 1495-1498, 311).

28

ACCUSER   
IV. -

Part. passé en empl. subst. "Personne accusée d'une infraction, d'un délit ou d'un crime" : Et donc le dit accusé ne savoit riens de ce, si s'en vint au matin devant son seigneur si comme il avoit a coustume. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 66). Li quens Guillaumes mist jour à Yppre auquel il ajourna tous les accusés que il venissent pour faire l'amende, chascuns selonc que il avoit meffait. Quant li jours fut venus, li quens Guillaumes i vint à grant plenté de barons, mais des accusés n'en i vint neisuns. (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 606). Et l'accusé n'est pas si beste Qu'il ne s'offre et mecte en l'enqueste Du promoteur, car il scet bien Que du fait vray n'enquerra rien Fors aux estrangiers et absens. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 157). Et finablement, en parlant et traictant la dite matère et entreprinse, fut dit, juré et promis et accordé par le dit Jehan de Brecé, suppliant, Lorens Leconte, Perrin du Puis, Jehan Charpentier (...) qu'ilz ne accuseroient point l'un l'autre, et que, s'il advenoit que l'un d'eulx encusast l'autre, l'accusé seroit receu à gaige de bataille contre l'accusant. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1442, 141). L'Accusatif se doit faire secret, C'est le droit point de sa propre pratique, Et de celer fault faindre le decret En l'amenant par moyen bien oblique ; Car quant il est divulgué en publique Et on ne scet qui en est l'inventeur, Chascun charge l'accusé sans faveur. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 19).

29

ACCUSERESSE   
"Celle qui porte une accusation" : Tu es roy des bestes sur terre ; A toy vieng prïer et requerre Qu'en l'estat que tu m'as tenu Que g'y puisse estre maintenu, Que accuseur n'accuseresse N'aucune langue flateresse Esmeüe de moy doloir Ne t'oste de ton bon voloir (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 52). Accusatrix, tricis : Accuseresse (Aalma R., c.1380, 8). Les faiz nye du promoteur : Accuseresse n'accuseur Ne lui font pas trop grant dommaige, Puis qu'il a or, argent ou gaige ; On lui eslargit ses prinsons ; On fait ses proclamacions Aux lieux ou sont faiz les deliz (DESCH., M.M., c.1385-1403, 157).

30

ACCUSEUR   
"Celui qui porte une accusation" : Item voulons [Pierre, duc de Bourbonnois] que par nul meffait nulz des hommes ne soit pris, ne arrestez ne mis en prison d'office se il n'a accuseur ou denoncieur ou se le cas n'estoit notoires ou suspecceneux. (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1343, 403). Et en oultre après pluseurs procès et recreances d'assise en assise, faites aus dessus diz après les criz et choses dessus dictes, et que nul accuseur ou denonciateur ne se tresist avant contre euls (Doc. Poitou G., t.2, 1345, 292). Nul Vendeur ne pourra envoyer hors en son nom, n'avoir compagnie à Marchant de dehors : Et si aucun est trouvé faisant le contraire, il perdra l'Office, et payera vingt livres d'amende au Roy, dont l'accuseur aura le quart. (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1350, 358). N'i avoit cil qui avec li N'eust .I. accuseur anemi Qui hautement crioient tous : "Prevost Michiel, delivre nous Et adjuge nostre proie !" (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 13). Comment Dieu advocacera, jugera et accusera les pecheurs au jour du jugement. Certainement li jugierres Yert advocas et accuserres, Et fera tous ces trois offices Disans : "J'eus faim et soif, pecherres, Tu ne me fus pas secourerres, Quant tu regnoies es delices..." (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 292). Les faiz nye du promoteur : Accuseresse n'accuseur Ne lui font pas trop grant dommaige, Puis qu'il a or, argent ou gaige ; On lui eslargit ses prinsons ; On fait ses proclamacions Aux lieux ou sont faiz les deliz (DESCH., M.M., c.1385-1403, 157). ...et lors furent les accuseurs moult rabaissiez (LA SALE, Sale D., 1451, 256). ...en furent les accuseurs tousjours en indignacion du marchant. (C.N.N., c.1456-1467, 384). Et pour respondre sur tous les points, quatre ou cinq fois se présenta en la chambre, usant tousjours d'un mesme terme pour voir et oyr son accuseur, ou pour avoir mesme audience de parler par octroy de la chambre, ce qu'oncques ne put obtenir, ne en l'un, ne en l'autre ; mesme sembloit qu'on s'en truffast. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 278). ...les enfans mesmes vont à la moustarde atout vostre nom, et les vieilles, atout leur queneule filans, vous noircissent de leurs lèvres. La terre se veut sourdre contre vous, et le ciel soi former vostre accuseur en crime énorme. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 157). Se vous avez doncques pluseurs consors, On vous croira facilement de tout, Et par ce point vous serez les plus fors Et perviendrés de liger au debout. Mais toutesfoiz tenez vous en escout Et en aguet contre vous accuseurs, Desquelz, espoir, vous aquerrés pluseurs. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 18). ...voullons et ordonnons que, touteffoiz et quantes que iceulx faulx adveuz seront congneuz ou prouvez deuement, que les denonciateurs et accuseurs aient la tierce partie desdites marchandises confisquées, et des amendes en quoy les delinquans pourront estre condempnez, lesdits eschevins l'autre tierce partie, et nous l'autre tierce partie (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1481, 653). ...l'accuseur disoit au juge : "Tu dois la larronnesse faire gehiner affin de tyrer d'elle la verité." A ce respondy le juge : "Mais tu dois prouver ce que tu diz, affin que mon jugement soit juste ou, autrement, sachiez que avecq elle je te tourmenteray." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 204). A ceste fable doivent prendre les juges exemple et si ne doivent jugier les diffamacions des accuseurs mais selon la droitte et prouve verité, car non pas cellui qui est accusé mais cellui qui est convaincu est digne de pugnicion. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 222).

31

ACHOPPER   
.

Empl. abs. : Sage, pourvoy ci, ne t'assoupe ; En my les femmes ne demeure, Car ainsi que tigne deveure Les vestemens et les mangue, Ainsis femme, qui ne se jue, Destruit les hommes [Ou est-ce le verbe assouper1 "assoupir" ?] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 195). Se vos pensees occupees Sont sans monter par ceste vis, Mal se sont elles achoppees, Car vous fauldrez à vostre advis. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 136).

32

ACOLYTE   
LITURG. "Clerc qui a reçu le plus élevé des quatre ordres mineurs (portier, lecteur, exorciste, acolyte) et dont la fonction est d'entretenir le luminaire, de porter les cierges et de présenter l'eau et le vin au prêtre" : Après cetui, regna Daniz [il s'agit de saint Gaïus ou Caïus, pape de 283 à 296], De Rome fu nez et norriz. Cilz les ordres a ordonnez Des clers de degré en degrez Jusqua tant que preste seront Acolistre, et puis contramont. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 358). Mais qu'il saiche après dire amen, Passer doit, estre archediacre, Acolite, prestre ou dyacre, Doyan, tresorier ou chanoine (DESCH., M.M., c.1385-1403, 168). Et toutesfois a l'examen de ma juste balance aucuns en y a qui, rempliz de brouez, ne sont pas digne quant a science ou meurs de porter l'eauue benoist ou estre acolite d'une petite eglise. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 310). ...et fut envoié à Paris par le concille ung evesque qui estoit venu avec le cardinal à Corbeil, lequel fist le divin office la sepmaine peneuse, comme d'assoultes, comme du cresme, prebstres, dyacres, soubz-dyacres, acolites couronnés (Journal bourgeois Paris T., 1433, 293). L'evesque et ses chappellains emmaynent sainct Martin en ung eschaffault et le vestent en habit d'acolite. (LA VIGNE, S.M., 1496, 263). SIXTE [pape]. (...) Moy qui suis de Dieu lieutenant Accolitre vous fais, beaulx filz, Ou non du roy de Paradis, Et vous donne auctorité D'oster toute immundicité Et chasser dehors de l'Eglise Excommuniez et de franchise, Et de ce ayés souvenance. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 177).

33

ACOMPTER   
a)

[Valeur minimale] N'acompter + subst. à valeur minimale (parfois précédé de monte, montance, vaillant, valissant...) à/de/en qqn/qqc. : Dirent [les Flamands] qu'au roy n'obeïroient, Ne a seigneur ne le tenroient ; "Ne nulle riens ne le prisons, Et hault et cler nous le disons ; A lui n'acontons ung fuisel..." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 8). Quant li senechault l'ot, adont se ratanrie, Et dit a Bauduyn : "N'i aconte une aillie Cest faulte pour l'anffan, se Dieu me benoye..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 45). Riche hons quant il pleut et il fait grant orés ["tempête"], Il n'i aconte mie ung denier monnoiéz ; Il ait clocque et mantez dont si drap sont wardér (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 114). Se je per [m]on chevalz, je n'i aconte ung delz : A piet m'en revanrait tout seulx en mon rengner (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 115). L'anffe Lion de Bourge fuit forment yrascus Quant vit que ces verlet gisoit mort estandus, Car n'aconte a l'avoir vallissant doulx festus Pour ceu que il estoit de maisaicques ["massacre"] venus (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 141). Il ait dit a cez homme : Moult est cis hons chetis Que la se fait ossire, ne puet eschepper vis ! Pais n'en eschepperoit ung oisellet petit ; Il est oultrecuidiéz et de sens mal garnis ! - Sire, dient paien, il en aront du pis, Mais n'i acontissiens le vaillant de doulx alz poris Se fuissiens a garant et en aultre pays, Car si n'arons duree que ne soiemme pris. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 528). Sire, se dit Herpin, vous allés bien parlant. Auteilt et crucefis yrait la estorant Et prestre qui souvant yront messe chantant, Et vous n'i acontés la montance d'un gant, Et c'est toute nous foid et ceu qu'allons creant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 560). ...la damme gentil de tres noble lieu nee Estoit tant povrement la androit atornee Que adés aprés lie li anffan font huee, Maix elle n'i aconte une pomme pellee, Car a l'amour de Dieu fuit sa vie tornee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 566). La fuit teille clarteit faite et establie Que bien coustait Lion cent marc celle neutie, Maix il n'i acontoit une pomme porie, Car ne pansoit a rien qu'a faire cortoisie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 625). Moult bien li fuit per moy vous besoingne noncie, Maix il n'i aicontait la monte d'une aillie ; Bien dit que le prison ne vous rendera mie, Ains le delivrerait tout a sa commandie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 792). Grande fuit la baitaille, perrilleuse et estrange ; Li douze filz Hermer sont en une compaingne. Il est mal venus cil qui lez bergaingne, N'acontent au morir vaillant une chaitaingne (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 993). Doulce Vierge Marie, Prïés a vostre filz qu'i me sauve m'amye Et Gilles le mien filz, quë ilz ne meurent mye, Et les veulle pourvoir d'aucune seignorie, Car je n'aconte a moy une feulle d'ortie. (Tristan Nant. S., c.1350, 587). Quant Robastre les voit si a prins son levier, Venu est a leur trait n'y acompte ung denier (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 154). Ensement dist la damme a Regnaut son signour, Mais il n'i aconta la monte d'unne flour (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 294). Il avoient (...) Robes riches et curieuses, Pleinnes de pierres precieuses, De rubiz, de saphirs, de pelles, Mais n'i acontoient deus melles ["nèfles"], N'il ne metoient pas leurs cures En porter teles vesteüres. (MACH., C. ami, 1357, 130). Si que je di que c'est maistrie, Quant einsi le monde maistrie, Sans plus, par l'une de mes filles, Si que je n'aconte deus billes A leur pooir n'a leur affaire N'a chose qu'elles puissent faire. (MACH., F. am., c.1361, 207). ...quant Paris Donna la pomme, a tous peris, As grans avoirs ne as fortunes N'acompta .II. petites prunes. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 63). Ensi faisoit Phebus ses plains, D'amours et de doleurs tous plains. Mais Dane n'acomptoit .II. pains A ses anois (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 96). Je n'aconte a li une bille ; Mais qu'est devenue sa fille ? (Mir. Oton, c.1370, 334). Et si n'aconte je sanz faille A toute ma perte pas maille, Fors que de ma fille la belle (Mir. Oton, c.1370, 367). PREMIER HERMITTE. Sire, nous y sommes pour Dieu Prier et servir jour et nuit ; Et sommes, voir, ne vous annuit, Povres hermites. ROBERT. Je n'y aconte pas deux mittes. Jamais cy plus ne demourrez, Mais en l'eure trestouz mourrez. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 24). N'acontasse pas une quille En quanque avons erré de terre, Se nous eussons trouvé Pierre Que quis avons. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 297). LE CONTE. De meilleur homme ne scé point Pour l'estre, se ne fust un point, Qu'il est paien. LE SIRE DU GROING. En ce n'aconte un pois baien, Mais qu'autre dyffame n'y ait (Mir. st Lor., 1380, 149). Je n'y aconte pas deux pommes En ce que dites. (Mir. Clov., c.1381, 232). Ce sont li juste et li cuer monde Qui du tout y ont renuncié Et qui ont pieça commencié Le traicté des divines nopces, Et qui n'acomptent deux baloces Aux biens mondains, fuitis et faulx (DESCH., M.M., c.1385-1403, 245). Tout leur bien, c'est d'eulx oïr escondire, D'estre haïz et huez comme leux ; Volentiers sont d'autrui bien envieux ; D'eulx parjurer n'acontent une prune (Cent ball. R., c.1388-1396, 217). Mains ilh n'y acointoit .II. pouchies escondeis [Scheler, Gloss. lit : pouchins escaudés] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 675). "Beau nepveu," dist l'emperiere, "avez point advisez Le troppel des payens qui viennent abruvez ?" "Sire," ce dist Roulant, "n'y acompte deux dez, Tant que j'aye mon branc qui a le poing dorez, N'enporteront du mien deux deniers monnoyez." (Galien D.B., c.1400-1500, 6). Se voz chevaulx sont mors n'y acompte ung bouton, Ilz naissent en Espaigne et la les conquerron. (Galien D.B., c.1400-1500, 9). Si est des parties de France Le bon, vaillant, plain de souffrance, De la terre de Bourbonnois, Qui n'aconte a tresor deux nois, Fors au tresor de gentillece, Ou il a mis sa soubtillece. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 192). S'il y vient je vous certifie Que de ce gravet jusqu'au fie En sa pance le bouteray, Trestous les diables hucqueray Qui sont serviteurs Lucifer, S'il estoit d'acier ou de fer Se n'y acoute [l. aconte] jou deux aux. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 238). Le prodigue, plus que l'aver et chiche, Met ung hostel au bas par ses oultrages ; Mais n'acontons a cela une chiche, Ressourdons nous et reprenons coraiges. (TAILLEV., Ress. relèv. hôt. D., p.1440, 275). ...[les Frisons] se moquèrent de eux et les escharnirent et n'accoutèrent [l. accontèrent] une poire à leurs cris (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 104). Nous ne acomptons, à luy, ne à vous, deux castaignes (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 104). Et n'acomptoient au duc de Bourgongne, ne à ses officyers un navet (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 105). Se Franc Gontier et sa compaigne Elayne Eussent ceste doulce vie hantée, D'oignons, cyvotz, qui causent forte alaine, N'acontassent une bise tostée. (VILLON, Test. T., 1461-1462, 211). Herculès (...) Unze geans trouva, par maniere felonne ; Mais à leur grant pouvoir n'acompta une pronne (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 171).

34

ACOMPTER   
-

N'acompter + subst. à valeur minimale + interr. indir. : Mais femme fole, quoy c'om die, Pour bonté, pour chevalerie, Soit royne, contesse ou bourgoise, N'acomptera une pougoise Quelz homs ce soit ne de quel face, Mais que sa voulenté lui face Et acomplisse son delit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 86).

Rem. F. Möhren, Le Renforcement affectif de la nég., 1980 cite une douzaine d'autres ex. (s.v. astele, boton p. 73, dé, espi, festu p. 124, formage, gant pp. 141-142, parisi p. 181 et 184, pome). Pour l'ex. de Villon, A. Lanly (Perspectives médiév. 19, 1993, 106-109) propose de lire acoutassent, d'un verbe acouter "attraper, prendre" d'orig. dial. limousine, issu selon lui d'un lat. vulg. *ad-collitare, fréq. de *ad-collare, d'où vient le fr. accoller (le limousin acoutar "accrocher, saisir" a été enregistré par FEW XXIV, 89b, s.v. accubitare).

35

ACORER   
B. -

Au fig. "Avoir le coeur brisé" : Cuidez vous donc que je soye ayse Que je voy mon enfant malade Et qu'il a le ventre si rade Que rien ne lui puet demourer ? Et ancor me fait acourer La doleur de leurs dens venir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 102).

36

ACQUÉRIR   
-

"Subir, éprouver ; s'attirer" : ...moult porroit comparer chiere Tele priere Mes cuers qui gist en son lien. Pour ce n'en fais samblant ne chiere, Que je n'aquiere Refus qui me deboute ou fiere De li arriere (MACH., R. Fort., c.1341, 21). ...et fist puis aprez de beaulx miracles au lieu où il fut decolez ; de quoy ledit messire Hues acquist grand hayne de tout le pays et aussy de la royne et du conte de Cayn dessusdit, qui estoit frere du roy. (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1358, 10). Lors vostre mére sanz respit Me conmanda les enfans prendre Et qu'en l'eure (...) Dedans la forest les portasse, Et la touz trois les estranglasse (...) ; Et je qui oi doubte d'aquerre, Chier sire, s'indignacion, Les trois filz sans dilacion Pris et ou boys les emportay (Mir. roy Thierry, c.1374, 313). Li dus ne le volt ou n'osa plus soustenir ouvertement en son pooir, pour doubtance que de avoir et acquerre le hayne dou dit roy de France. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 102). Mais par la loy est le contraire : Maris puet a sa femme traire, Et la femme avec son mari, Pour hoirs avoir, lors sont gari (...) : L'un ne l'autre en ce cas n'aquiert Sanz plus que pechié veniel Que l'en appelle originel. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 313). ...cent douleurs contre un plaisir acquierent (CHART., D. Fort., 1412-1413, 180). Bien sçay que je fais desplaisance Aux amoureux d'ainsi parler Et que j'acquier leur malvueillance (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 147). ...tu affermes que ceulz du peuple, qui soubz ton umbre se sont mis sus, font les deliz dont tu acquiers les mauvais loz. (CHART., Q. inv., 1422, 39). Vous advés tort Si grand remort - faire, et aquarrés ung blasme ! (Pass. Auv., 1477, 240). Acquis avons une grant onte Que reprochee nous sera, Car tout le monde nous diré Estre murtriers de sanctes gens. (Pass. Auv., 1477, 270). A cause de ce qu'il disoit sçavoir ces choses par revelation, murmuroient plusieurs contre luy, et acquist la hayne du pape et de plusieurs de la cité de Florence. (COMM., III, 1495-1498, 308). Pas ne m'actens d'acquerir vitupere (LA VIGNE, S.M., 1496, 172). ...le grant bastard de Bourgoigne, garny de honneste couraige, lequel estoit saige chevalier, notable et de très grant honneur, qui conseilla au duc qu'il ne pourroit acquerir ung plus grant deshonneur que de retenir le roy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 219).

37

ACTION   
b)

[À propos d'un bien ou d'un droit revendiqué ou usurpé et contesté] : ...par dedens ma tierre n'avés nulle actïon, Pour mes foriés trachier ne prendre venison. (Chev. cygne P., c.1356, 4). ...ilz vous furent bailliez et delivrez par contrainte, non par nulle action de droit que vous y eustes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14). Et parmy cecy qu'om leur baille, Le roy d'Angleterre et son fis Renuncent a tous les profis Des terres qui ne sont nommées En ce traicté ne exprimées, Aux demandes et actions, Saisines et possessions Qu'il disoit avoir en personne Ou royaume et en la couronne De France (DESCH., M.M., c.1385-1403, 385). ...car jà s'estoit avancé par secret message le comte de Nevers, d'envoyer unes lettres à aucunes privées personnes et villes, par lesquelles il signifioit avoir droit et vraie action en la duché de Brabant, lequel droit il entendoit à poursievir par toutes voies convenables en contraire du duc de Bourgongne et de tout autre (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 280).

38

ACTUEL   
5.

Fait actuel. "Effet, résultat" : Or vient lors de cire le miel, Quant femme, en doulz parlant, son fiel Boute en l'omme et blandissement, Qui est cause de son tourment Temporel et perpetuel Par le vice et fait actuel Du delit de la char mal saine, Qui a dampnacion le maine. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 187). Et "ce" [les habitants de Beauvais sont restés fidèles au roi] ilz monstrerent par fait actuel car aussi tost que ilz sceurent que aprouchiés (...) ilz se reduisirent en vostre obeissance planiere (JUV. URS., Loquar, 1440, 313).

39

ADÉMETTRE   
III. -

"Lâcher, mettre au fond [une viande mise à cuire] (?)" : L'eaue est adonc sur le feu mise Quant la char fraile est ademise ; Lors est la mellée la cendre Avecques l'eaue de plour tendre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 218).

40

ADMINISTRATION   
-

En partic. Avoir (l') administration de justice. "Exercer la justice" : Comment ceuls qui ont l'administracion de justice contre verité oppriment les povres, et les riches laissent sanz punicion. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 150). Ilz ont veu une lettre close que leur a tramis Rodigue de Villendrando faisant mencion de certain argent qu'il dit a lui estre deu par Eustace de Pompierre, sur quoy ilz ont concluz que l'on die ou dit Eustace qu'il lui face raison et, au cas qu'il ne le fera, protester contre lui des dommages que la ville en pouvoit soustenir, et avecque ce rescripre ou dit Rodigue que les dis conseillers n'ont point d'aministracion de justice (Doc. 1433. In : Le Moy. Âge 12, 1908, 386). Par les ordonnances royaulx aussi nulz officiers royaulx ayant administracion de justice (...) ne peuent faire leur demeure es terres des haulx justiciers, prelas, barons et aultres, ayans haulte justice, moyenne et basse soubz vostre ressort et souveraineté, et ceulx qui y demeurent ne peuent exploicter (JUV. URS., Verba, 1452, 346).

41

ADORNEMENT   
2.

"Tout ce qui sert à donner une belle apparence à qqn ; objets de parure, joyaux" : Salemon met aultre chastoy Et dit dolent au jouvencel, Auquel fole femme mortel Fait de divers adournemens, De baisiers et d'embracemens, De doulz regars, de plains piteux, De doulz parlers trescouvoiteux, De soy moustrer en mainte place Et de faire paroir sa face, Resgardans, pensans pour sçavoir Qui elle pourra decepvoir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 188). ...et ancores se use de present des aneaulx (...) et joyaulx pendans aux oreilles ; lesquelz nouveaulx adordemens [l. adornemens] Vallerius appelle "discrimen vite" (LA SALE, Sale D., 1451, 217). Après, les dames se rafreschirent et prinrent nouveaux habis et adornemens de plus nobles en plus nobles (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 166).

42

AERDRE   
2.

Aerdre [son âme, son coeur, ...] à + subst. ou inf. "Appliquer (son âme, son coeur, ...) à" : ...ilz ne veulent aerdre Leurs cuers a apprandre science (DESCH., M.M., c.1385-1403, 270). ...si pourras ton ame aerdre, (...) Aux poines qui ja ne fauldront (DESCH., M.M., c.1385-1403, 354).

43

AERDRE   
2.

Aerdre [son âme, son coeur, ...] à + subst. ou inf. "Appliquer (son âme, son coeur, ...) à" : ...ilz ne veulent aerdre Leurs cuers a apprandre science (DESCH., M.M., c.1385-1403, 270). ...si pourras ton ame aerdre, (...) Aux poines qui ja ne fauldront (DESCH., M.M., c.1385-1403, 354).

44

AERDRE   
-

[Le compl. d'obj. indir. désigne une chose abstr.] "S'attacher, s'adonner à" : Car tu te dois penre et aerdre A ce que j'ay dit ci devant (MACH., R. Fort., c.1341, 74). De ton espoir que perdu as, Vraiement, tu te partuas ; Biaus amis, quant tu le perdis, A male chose t'aherdis (MACH., C. ami, 1357, 80). Pour ce n'est pas bon de desplaire A celui dont on a afaire. En moult de manieres les perdent Et tuent tous ceulz qui s'aerdent A orgueil et a felonnie (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 104). ...qui s'aërt A desespoir et en fait son compere Et de penser a tristece se pere (MACH., F. am., c.1361, 175). Car aucuns croient et se aherdent aussi fort et non pas moins as choses de quoy il ont opinion comme les autres font a celles de quoy il ont science. (ORESME, E.A., c.1370, 371). ...je qui le coer euch batu De grans pensers fors et divers, - Car je m'estoie a che ahers Qui me tourmentoit grandement, - Me parti d'iluec erranment. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 50). ...si tres tost que li corps pece, Sa glore et son pourfit [de l'âme] empece. Pour ce me vodrai retrenchier Que d'acroire a un tel crenchier Que pechiés est, qui tout poet perdre : Je ne m'i doi ne voel aherdre. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229). ...les cuers de ceuls qui s'aerdent Aux biens mondains (DESCH., M.M., c.1385-1403, 208). ...tous biens se perdent En tous ceuls qui a toy [Folie] s'aerdent. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 358). Nostres sires, li rois, a trop grant droit a l'iretage et couronne de France (...) dont on l'a arrieré a fraude et par cautele, car il est fils de la serour le roi Carle de France (...). Se le demande et calenge demeure en sa preece et que il s'aherde à wiseusses, ensi que fist ses peres, il vivera en peril et en haine deviers nous (FROISS., Chron. D., p.1400, 231). Car Meseur, tout piece a piece, Le bien qu'Eür a fait despiece Et de Richece tolt l'amour ; (...) il n'y laira ja denier Tant qu'il y treuve riens a perdre, Ne chose ou il se puist aherdre (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 83). ...il t'est plus prouffitable et plus seur muchier la grace de devocion (...). On ne se doit point trop fort ahierdre a ceste affection car elle se peut trop tost muer en contraire. (Internele consol. P., 1447, 86). Mon filz, convoitise ne t'aveugle ; ahers toy a vertu, c'est dommage quant homme vit riche de pechié et povre de vertu (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 126). Affin que de tant me puisse às commandemens aherdre et adjouster de tant que yceulx orguilleux m'en veullent detraire et de-hors tirer (Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 59). BELZEBUTH. A tous maux me voudray aherdre Par tout le monde si scauoye Ie les mettray tous en ma voye Tant que mes oeuures parferont Maistre et auec vous [Lucifer] tous viendront Par chacun iour vne hottee (Myst. st Martin K., a.1500, 262-263).

45

AERDRE   
-

[Le compl. d'obj. indir. désigne une chose abstr.] "S'attacher, s'adonner à" : Car tu te dois penre et aerdre A ce que j'ay dit ci devant (MACH., R. Fort., c.1341, 74). De ton espoir que perdu as, Vraiement, tu te partuas ; Biaus amis, quant tu le perdis, A male chose t'aherdis (MACH., C. ami, 1357, 80). Pour ce n'est pas bon de desplaire A celui dont on a afaire. En moult de manieres les perdent Et tuent tous ceulz qui s'aerdent A orgueil et a felonnie (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 104). ...qui s'aërt A desespoir et en fait son compere Et de penser a tristece se pere (MACH., F. am., c.1361, 175). Car aucuns croient et se aherdent aussi fort et non pas moins as choses de quoy il ont opinion comme les autres font a celles de quoy il ont science. (ORESME, E.A., c.1370, 371). ...je qui le coer euch batu De grans pensers fors et divers, - Car je m'estoie a che ahers Qui me tourmentoit grandement, - Me parti d'iluec erranment. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 50). ...si tres tost que li corps pece, Sa glore et son pourfit [de l'âme] empece. Pour ce me vodrai retrenchier Que d'acroire a un tel crenchier Que pechiés est, qui tout poet perdre : Je ne m'i doi ne voel aherdre. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229). ...les cuers de ceuls qui s'aerdent Aux biens mondains (DESCH., M.M., c.1385-1403, 208). ...tous biens se perdent En tous ceuls qui a toy [Folie] s'aerdent. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 358). Nostres sires, li rois, a trop grant droit a l'iretage et couronne de France (...) dont on l'a arrieré a fraude et par cautele, car il est fils de la serour le roi Carle de France (...). Se le demande et calenge demeure en sa preece et que il s'aherde à wiseusses, ensi que fist ses peres, il vivera en peril et en haine deviers nous (FROISS., Chron. D., p.1400, 231). Car Meseur, tout piece a piece, Le bien qu'Eür a fait despiece Et de Richece tolt l'amour ; (...) il n'y laira ja denier Tant qu'il y treuve riens a perdre, Ne chose ou il se puist aherdre (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 83). ...il t'est plus prouffitable et plus seur muchier la grace de devocion (...). On ne se doit point trop fort ahierdre a ceste affection car elle se peut trop tost muer en contraire. (Internele consol. P., 1447, 86). Mon filz, convoitise ne t'aveugle ; ahers toy a vertu, c'est dommage quant homme vit riche de pechié et povre de vertu (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 126). Affin que de tant me puisse às commandemens aherdre et adjouster de tant que yceulx orguilleux m'en veullent detraire et de-hors tirer (Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 59). BELZEBUTH. A tous maux me voudray aherdre Par tout le monde si scauoye Ie les mettray tous en ma voye Tant que mes oeuures parferont Maistre et auec vous [Lucifer] tous viendront Par chacun iour vne hottee (Myst. st Martin K., a.1500, 262-263).

46

AERDRE   
.

"S'obstiner à" : Car de neccessité couvient J'aye bonne femme ou mauvese, S'il est qu'a marier me plese ; Se bonne est, en doubte vivray ; Se mauvaise est, je languiray : En doubte la bonne ne perde, En langour l'autre ne s'aerde A moy destruire et essillier. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 25). Joseph, (...) Prens l'enfant et sa mere aussi Et fuys en Egypte batant ; (...) Car le temps vient, dur et contraire, Qu'Herode se vouldra aherdre A prendre l'enfant pour le perdre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 99).

47

AFFADIR   
A. -

[D'une pers. ; domaine phys.] "Qui est amolli, affaibli" : ...rois, chevaliers et clers, (...) Sont par femme ainsi affadis, Destruis, mors ou persecutez (DESCH., M.M., c.1385-1403, 182).

48

AFFADIR   
B. -

[D'une pers. ; domaine moral] "Qui a perdu le goût de qqc." : Quar cil Sire qui fist l'asnesse Parler a Balaam jadis, Par cest autre asne es affadis De li servir ces motz denunce [passage peu clair ; est affadis ?]. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 41). Ceuls qui des biens de paradis Estoient povre et affadis Et qui orent en leur pensée Fornication pourpensée... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 247).

49

AFFAIBLIR   
A. -

Affaiblir qqn (ou un aspect de la pers., ou bien un animal). "Faire perdre de la force, de la puissance à (une pers., une collectivité, un aspect de la pers., un animal)" : Et quant assés je me sui debatus, Et que sus moi n'a sang ne nerf ne vainne Qui ne soit tout afoibli de la painne, Amours (...) me remet Esperance Par devant moi (FROISS., Orl., 1368, 100). Si estoient leurs chevaulx maigres et affoiblis par les povres nourrechons (...) ilz estoient si mat et si afoibliz que ilz mouroient sus le chemin (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Sera trop le peuple affoibli, Et les vertus, quant bons clers fault. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 258). ...car tote honeur et chevalerie en fut folée et ly paiis afloivis. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 46). ...Melencolie (...) deseiche le corps, corrompt lez humeurs, affoiblit les senssitifz espris (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 4). Et pour oster et affeiblir la tresgrant puissance et assemblee des Sarrazins, les quatre roys des Espaignes crestiens (...) s'estoient aliez (LA SALE, J.S., 1456, 207). Leur mallice ne gist que en deux choses : l'une c'est que, par toutes voyes, ils desirent affoiblir et diminuer leur prince (COMM., II, 1489-1491, 203).

50

AFFAIBLIR   
1.

"Qui a perdu ses forces, qui a perdu de sa vigueur" : Es agues continues, se la levre, l'euil, le sourcil, ou le nez soient teurs, ainsi que le pacient ne voye point, la vertu du corps affoiblie et debilitee (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 76). ...si estoient leurs chevaux maigres et afoiblis par les povres nourrechons (...) ils estoient si mat et si afoibliz que ilz mouroient sus le chemin (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Charlemaine (...) Estoit par ancienneté Moult affoibli et vieulx de jours (DESCH., M.M., c.1385-1403, 357). ...et pour ce que les seremens et promesses que elle avoyent faites l'une à l'autre, elle avoit esté questionné, dont elle se repentoit, et en avoit ses membres moult debilitez et affeibliz, pour cuider eschever que contre lesdites promesses et serement elle ne deist aucune chose qui leur portast prejudice. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 353). ...lor estomac samble estre wape et afoiblis (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). Hermiedés (...) Ja estoit griefment affoibli (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 231). Ha, mon enfant, Quel restaurant - me font voz joes affeblies ! Elles sont toutes reffroidies, Fort onnyes, Car remplies - on les a d'onteuse liqueur. (Pass. Auv., 1477, 255).

51

AFFAIRE   
5.

"Intention que l'on a d'agir ; projet, plan" : Cascune en soi moult recommande Hermondine et son noble afaire, Et dient que elle voet faire Bons chevaliers, preus et hardis (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 90). Leurs consaulx scevent, leur affaire Au long de degré en degré (DESCH., M.M., c.1385-1403, 267). Et vous, frere, joyeux soyez Et soyez du tout appaisiez Que celé vous ay mon affaire ; Car ce que l'en fait pour mieux faire Ne doit fors en bien avenir. (Gris., 1395, 97). ...tout par soy Chacun veult estre et a par soy Q'une dame de faulx affaire Leur conseille ce meschief faire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 4).

52

AFFÉRIR   
a)

[Domaine concr.] : Chius cors doit estre vostres, par Dieu du firmament, Car il affiert a vous par fleur de hardement. (Bât. Bouillon C., c.1350, 117). Riens n'a sur lui(,) ne li affierce. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 140). Trois especes d'oingnemens (...) aux gens bleciez affierent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 237).

53

AFFÉRIR   
b)

[Domaine abstr.] : Nompourquant je li vueil aprendre Comment il se deffendera Et comment trop les grevera, Sans elles batre ne ferir, Car ç'a li ne doit afferir (MACH., D. Lyon, 1342, 231). Et n'oublie pas mon chastoy, Car ç'affiert trop bien a personne Qui vuet que Dieus honneur li donne. (MACH., C. ami, 1357, 102). Un pou t'aprendray du mestier Qui affiert a bon fauconnier (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 110). Tant pensers n'affiert pas à vous ["il n'est pas convenable que vous soyez si préoccupé, si distrait"] (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 132). Mais il m'est avis Que, quant dou cler vis De ma douce dame chiere Me voy escondis, Qu'il n'est paradis N'autre bien qu'à moy affiere (MACH., Lays, 1377, 373). Doulce amie, Si grant plours ne vous affiert mie (DESCH., M.M., c.1385-1403, 132). A moy n'afiert pas tel honneur. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 122). En verité, seigneurs, je le dy pour ce que j'avoie nourry et endoctriné mon effant, tant qu'il estoit doué de pluiseurs graces et vertus qui mout bien lui affreoyent. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 147).

54

AFFÉRIR   
B. -

S'afferir à. "Se rapporter à, avoir trait à ; toucher à" : ...pour gouverner sa maison Et les choses qui s'y affierent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 177). ...sy vous dirons d'une autre ystoire pour ce qu'elle s'afiert a nostre matiere, et quant lieu en sera, nous y sarons bien revenir. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 44).

55

AFFERMER1      | 2   
-

Affermer + prop. inf. : Toutesvoies, Solon ne vouloit pas que l'en affermast les gens estre beneurés en leur vivant pour les transmutacions qui povoient venir et pour ce que il cuidoit bien que felicité fust chose permanente et non pas muable ou variable de legier. (ORESME, E.A., c.1370, 132). ...saincte Escripture afferme Chascune avoir esté si ferme En martire (DESCH., M.M., c.1385-1403, 293). ...aulcuns Anglois et aultres affermans Edouart luy [Charles le Bel] devoir succeder (JUV. URS., T. crest., c.1446, 32). ....et [Megastenes et Dionisius] rapporterent y aver XVm villes et que c'estoit la tierce partie de la terre et que le Soleil en une des parties d'icelle ne part point, rapporterent y aver cent cinquante trois roys et XII nacions de gens, affermans y aver cinq mois de navigage, ainçois que y povoit parvenir. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°).

56

AFFICHE   
b)

"Ornement servant à fixer, attacher (broche, boucle, agrafe de chape, fibule) ; pièce pendante de collier, de ceinture" : Fixula (...) : affiche, fermail (Aalma R., c.1380, 145). ...avoir fremillez et affiches (DESCH., M.M., c.1385-1403, 54). Mantel de soye blanc (...) d'une atache Liee au col, j'oz, belle et riche, En la poitrine, noble affiche, Cainture et tout estorement (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 36). Fixula (...) : affique, fremail, atache de mantel (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 176).

57

AFFIN1      | 2   
3.

"Ami, compagnon, allié, confident" : ...se li rois vous amoit Et pour ses granz affins anvers touz vous clamoit, Se ne le doutïez et amiez con seigneur, Je croy nuls hons ne vit folie plus greigneur. (Gir. Ross. H., c.1334, 139). ...Mont ha estei et doit estre vos bons affins (Gir. Ross. H., c.1334, 205). L'aage doré commença au premier A noz peres, com de belle statue, Et au second se prinst a empirer, Car en argent tel aage se remue ; D'argent en fer li tiers aage inmue, Et en arain le quart est nostre affin (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 248). Nous le garderons chiérement Com nostre filz et nostre affin, Et si le ferons en la fin Roy de Hongrie. (Mir. Berthe, c.1373, 211). Il t'a fait ami et affin De Dieu. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 281). Or enten, mon tresdoulz affin (DESCH., M.M., c.1385-1403, 183). Pour ce, manda, a celle fins, Le roy ses barons et affins, Qui ayde et confort ont promis A lui et a tous ses amis. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 309). ...pour ledit Boutelier, qui estoit son ami et affin (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 270). Joseph, mon tres lëal affin, Mon cher amy et compaignon, J'ay eu grant exultacion En mon cuer quant j'ay oÿ dire Comment Jhesucrist, nostre sire, Vous a de prison delivré (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 433). Il ne fault plus qu'on m'en raconte, Zardain, mon amy et affin (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 126). Parseverance a Glorïeuse Fin La coronne qu'elle tenoit donna, Tresreluysant de pierres et d'or fin, Dont le lÿon comme son bon affin En presence des dames coronna (Lyon cor. U., 1467, 63). La Vierge demoura troys moys Illecques avec sa cousine En la confortant plusieurs fois Car elle estoit fort son affine. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 64). LE JUIF. Sainct Nicolas est mon affin Et auquel ay tres grant fiance, Et l'ay fait en son asseurance. S'i me fault, ne luy fauldray pas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 106).

58

AFFLICT   
2.

"Qui est malheureux, attristé" : ...elle est pour son espoux afflicte et desolée (Mir. ev. arced., c.1341, 103). ...pour la mort de ses enfans Fut moult afflix (DESCH., M.M., c.1385-1403, 196). Le vis afflict et rechigné, Monstrant signe de grant douleur (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 104). O com triste, afflicte et amere Fu icelle benoite mere Du seul Filz Dieu (Stabat H., III, c.1400-1450, 7).

59

AFFLICT   
1.

[De villes, de royaumes] "Qui est détruit, ruiné, ravagé" : Trois fois les a le roy fait esbahir (...) Devant le Dam mist moult de gent eslite Et l'assiega, et furent assaillis. A tousjours mais soit ceste fois afflicte Gand en Flandres et tout le faulx pais. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 41). Jherusalem fut afflicte Et destructe par .XII. fois (DESCH., M.M., c.1385-1403, 365).

60

AFFLICTION   
1.

[Domaine phys., physiol.] "Souffrance, douleur physique ; état morbide" : ...le temps de l'affliccion ou de l'accez (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 225). ...fut souffrans De sa char grief affliction (DESCH., M.M., c.1385-1403, 196). Item on peust demander de la affliction ou interpolation briefve ou longue de ces fievres, je dy que la affliction est briefve ou longue selon que la matiere est convenable a estre resolvee ou non resolvee (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 6).

61

AFFLUER   
I. -

Empl. trans. "Fournir, apporter, faire couler sur" : ...l'Esperit saint influe Sur pluseurs sa grace et afflue (DESCH., M.M., c.1385-1403, 207).

62

AFFLUER   
B. -

Affluer de/en qqc. "Abonder, avoir qqc. en abondance" : Dieu son esperit li influe, Qui de sa saincte grace afflue (DESCH., M.M., c.1385-1403, 326). ...et si sera Dieu avecques vous contre tous adversaires que pourrez avoir, argent vous vendra a monceaux, et affluerés et habonderez en tous delices (JUV. URS., Loquar, 1440, 427). Et se je ne puis satisfaire à son escript obstant ma rudesse et ygnorance, s'il lui plaist il me donra excuse, et se fondera sur mon voloir indeficible, considerant la povreté que j'ay des biens et richesses dont il afflue. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 133).

63

AFFOLER1      | 2   
3.

Part. passé en empl. adj. "Fou, qui a perdu la raison" : Desvez seroie et affolez Se d'aler mettoie en detri Vers ma dame (Mir. Theod., 1357, 76). Seigneurs, ou je sui affolez, Ou c'est Pierre certainement. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 289). ...pour une foys Ne seray je pas affolée. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 96). Mais fu depuis, l'espace de VIIJ. ans, qu'il ne faisoit que plaindre, gemir et souspirer, et faire griefz lamentacions pour l'amour de Presine, qu'il amoit de loyal amour. Et disoit le peuple de son païs qu'il estoit affollez, et donnerent le gouvernement du royaume d'Albanie a Mathaquas, son filz, qui gouverna vaillaument et tint son pere en grant chierté. (ARRAS, c.1392-1393, 10). Messire Charles esgratignoit son visage et detordoit ses mains, courut aval les champs comme homme afollé et hors du sens. (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 150).

64

AFFOLER2      | 1   
III. -

Part. passé en empl. adj. "Blessé, meurtri, estropié" : Mais moult en y ot de bleciez De trais, de lances et d'espiez, Et de leurs chevaus affolez, Qui estoient las et foulez (MACH., P. Alex., p.1369, 94). Quant ceuls qui estoient dessus Veirent leurs gens einsi confus, Mors et bleciez et affolez Et de Crestiens defoulez. (MACH., P. Alex., p.1369, 152). Tout mon bon temps est alé : Venez a mon jubilé. Mon corps est tout affolé. Adieu ! de moy vous souviengne ! Venez a mon jubilé : J'ay passé la cinquantaine. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 116). Si fu li dis chevaliers pris et menés ou chastiel, et navrés parmi le jenoul, dont il demora afolés, et li escuiers mors sus le place (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 198). ...si se contrevengièrent de le mort de leur cousin sus ces navieurs et les decoppèrent trop villainnement et crevèrent les ieulx, et les renvoiièrent enssi à Gaind afollés et mehaigniés (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 220). ...maint en ont esté infame, Mutilés, mors et affolez (DESCH., M.M., c.1385-1403, 175). ...ceulx de dessuz leur gettent pierres de fais, grans bans [l. baus] traversains, pieux aguisiez, huille chaude, plonc fondu, pocons plains de chaux vive, tonneaux plains d'estouppes engressiez et ensouffrees, tous ardans ; et, malgré leur dens, leur font guerpir place et remonter d'autre part ; et en y demoura maint ars et affollé et foison de bleciez. (ARRAS, c.1392-1393, 110). Mais le soudant, qui fu plain de grant cuer et de grant vaissellage, ralie sa gent autour de lui, et livre assault a noz gens moult fierement. La ot maint homme mort et affollé. (ARRAS, c.1392-1393, 112). ...lors chevaus, qui tout estoient esfondut et afollet (FROISS., Chron. D., p.1400, 153). Ce sont les povres non daignez, Si en y a de mahaignez De leurs membres et affollez (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). Si s'entrelançoyent de merveilleux coups, dont moult en y avoit de mors et d'affollez d'un costé et d'autre (Bouciquaut L., 1406-1409, 97). Messire Jehan de Croy y fut affolé d'un piet tellement que, toute sa vie, demoura affolé. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 148). Alarme, alarme : A l'ayde, tresdoulce dame ! Par ma foy, je suis affloés... (Pit. Col. A., a.1470, 517).

65

AFFOLER2      | 1   
-

Empl. subst. : Elle degette les foulez Et n'a cure des affolez ; Sains les prant et rent inhabiles. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 190). ...il en y eult sur le champ plus de dix mille mors, sans lez affolez et navrez (Comte Artois S., c.1453-1467, 86).

66

AFFONDER1      | 2   
A. -

"Disparaître, s'engloutir, être submergé, couler à fond" : Une grant neif tantost affonde Par une petite crevace S'el n'est estanchiee en la place Que l'en en voit l'eaue saillir (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 172). E ! Diex, je me doy bien doubter (...) que n'afonde Et verse en ceste mer parfonde Et qu'il ne faille que g'y muire. (Mir. roy Thierry, c.1374, 289). ...couvient que la nef affonde (DESCH., M.M., c.1385-1403, 247).

67

AFFRANCHIR   
1.

"Donner la condition libre à qqn (à un serf, un esclave)" : [Discours d'un agitateur, qui veut voir le roi] Se nous i alons de fait et tout ensamble, toutes manières de gens qui sont nonmé serf et tenu en servitude, pour estre afranchi, nous sieuront. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 96). Nous volons que tu nous afranchisses à tous les jours dou monde, nous, nos hoirs et nos terres, et que jamais nous ne soions tenu ne nommé serf. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 112). ...si leur fault donner le leur A leurs sers et eulx afranchir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 267). Et, meismement, ceulx qui pour leurs vaillances et bienfais estoient afrancis du commun en aulcunes choses de leurs frances libertez se remettoient au servage. (LA SALE, Sale D., 1451, 150).

68

AFFUBLER   
b)

"Mettre qqc. sur la tête, coiffer qqc. ; p. ext. mettre (un vêtement), revêtir qqc." : Par mon chief, dist Maugis, j'ay ouÿ deviser C'on ne verra jamais .I. preudons amonter, Car de faire raison voit on sac afubler ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 265). Mais je vous envoie la coiffe et le cuevrechief et le touret que j'avoie affublé le jour que je reçui vos lettres (MACH., Voir, 1364, XXVI). Dont li gentils roys amast mieux Qu'on li eüst crevé les yeux, Et que mais n'afulast heaume, Ou avoir perdu son royaume, Ou tantost mourir vraiement Qu'il leur acordast telement (MACH., P. Alex., p.1369, 204). ...et le fist faire à viestir un tabar et afubler par dessus son abit le dit tabar (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 33). Le regent pour l'eure affula Un chaperon de la livrée De Paris (DESCH., M.M., c.1385-1403, 369). ...drap pers que elle eschanga à autre drap ès hales pour avoir le chaperon de brunette que elle a affublé. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 434). ...vostre pere (...) lui donna du pommeau de l'espee qu'il lui avoit tollue si grant coup en la temple, a ce que la coiffe d'acier qu'il avoit affublee n'estoit pas forte, qu'il le rua tout mort sur la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 50). La se gist celle creature, Si n'a robe, ne couverture (...) Fors un seul drap linge affublé (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 104). ...et si avoit affulé ung chapperon de satin decoppé, fourré de menu verd. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 240). Puis que sommes entrez a parler des gelines, dist Emmeline Trumeliere, je vous en diray droites merveilles, car quant vous volez avoir voz poules couppez dessus leurs testes, pour aussi vray que sommes icy, il vous convient affubler un sac a quoquide [l. quoquidé] quant vous mettez les oefs couver, et les pouilles seront toutes coupeez dessus leurs testes. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 102). Il (la) afuble son basinet (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33). Qui ne veult le loup ressambler, N'en doit pas affubler la peau. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 68). Il est assavoir que sainct Martin luy donne sa robe et puis il affuble son manteau sur sa chemise. (LA VIGNE, S.M., 1496, 547).

69

ÂGE   
b)

Avoir/ne (pas) avoir age de + subst., de/pour + inf.  : LA DAME [à Nostre Dame]. (...) Par vostre debonnaireté Donnez a mon mari courage : Conment que je n'aie encore age Du delaissier pour ma veillesce, Pour l'onneur de vostre hautesce Je vous ay voué, fleur de lis, Que jamais de ma char delis Ne sera en vostre honneur fais. (Mir. enf. diable, c.1339, 3). ...ilz bouterent en oiseuse Leurs enfans, qui jadis souloient Apprandre jusques ilz avoient Eage pour les armes porter (DESCH., M.M., c.1385-1403, 265). ...il dit "qu'il lui garderoit Le regne, tant qu'il aage aroit De porter couronne..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 231).

70

ÂGE   
-

(Estre) d'age moyen/de moyen age : De moien eage la prandras, Et tu seras d'eage moien : Lors sera plus doulz le lien Entre vous deux de mariage (DESCH., M.M., c.1385-1403, 143). Et pour faire cesser tous labouraiges, Des laboureurs les enfans feray paiges, Et les autres qui sont de moyen aage Feray larrons et mectray au fourrage. Et les veilhars qui ne peuent gaingner Rançonneray jusqu'au derrain denier. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 56). Pour quoy, comme j'ay dict, quant on vient à telz marchéz que de traicter paix, il se doibt faire par les plus feables serviteurs que les princes ont et gens d'aage moyen, affin que leur foiblesse ne les conduysist à faire quelque marché deshonneste ne à espoventer leur maistre à leur retour plus que de besoing et plustost y empescher ceulx qui ont receu quelque grace ou bienfaict de luy que autres, mais sur tous saiges gens, car d'ung fol ne fist jamais homme son prouffit. (COMM., I, 1489-1491, 66).

Rem. Cf. aussi : ...une chambriere de moyen aage. (PREMIERFAIT VIII, 4, 1414. In : DI STEF., 7c).

71

ÂGE   
1.

"Période de l'histoire" : La cité d'Ardee apartenoit au peuple des Rutiliens, laquele gens estoit a celi tempz et en celi eage habundans en richescez. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 57.1, 94). Les gens laiz de l'eage present Ne sceussent pas maintenent Qui fu David ne Salemons, Pierres, Polz, André ne Symons (DESCH., M.M., c.1385-1403, 259). Jupiter qui en celuy aage estoit roy de Crete (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114).

72

AGNEAU   
A. -

"Petit de la brebis et du bélier, âgé de moins d'un an" : Qu'onques turtre ne turterelle, Aingnaus, coulons, ne coulombelle, Damoiselle, ne pucelette Ne pot estre d'orgueil plus nette, Ne plus pleinne d'umilité (MACH., R. Fort., c.1341, 8). ...si comme nous disons que le lyon est fort et le coc liberal et le aignel debonnaire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 527). L'un me dit : "Les brebiz fault tondre" ; L'autre dit : "Les aigneauls sevrer" (DESCH., M.M., c.1385-1403, 62). PREMIER BERGIER. (...) Car bien me vant que suis appris Aussi bien, voire, et aussi bel Que homme qui soit en ce hamel De garder brebis et aigneaux. (Gris., 1395, 43). Si savoye tous les tours Du mestier de bergerie : aigniaulx en la bergerie Soignier, mettre fein en creche, Semer en toit paille fresche, Et les mottons d'une part Trier, oindre et mettre a part, Berbis traire, et faire a heure Aigneulx teter, et desseure Le fourrage es rastiaulx mestre (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 226). Aigneau est une beste commune et cogneue en toute terre, de qui la char, maiz qu'il ait passé dix moiz en aage, est bonne et convéniente, et soubz celle aage est trop viscouse. (LA HAYE, P. peste, 1426, 177).

Rem. anhel : GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 264.

73

AGNEAU   
-

[Avec un adj. caractérisant] : [Un jeune homme difficile, après son mariage] ...plus doulz devint c'uns aigniaux, Maigres, sès et descoulorez (DESCH., M.M., c.1385-1403, 32). Tous ceux qui sont pasteurs loyaulx, Simples comme petis aigneaux, Vivent en la gloire divine ! (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 200). LE DUC DE SOMBRESET. (...) Puis vous seront [les Français encerclés] doulx comme ung aignau Longent le coul comme la gene. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 126).

74

AGNEAU   
-

[Avec l'adj. doux] : Car il [Dieu] vous voult (...) conme mére a sa destre ordener, (...) des sains cieulx royne souveraine ; (...) la sont tuit de joye repleni Et regardent l'aignel doulx qui souffri Piteusement. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 148). Et s'ilz [les ministres de Dieu] sont de petit aloy, Ne doubtez, que Dieu congnoit tout Et les paiera tout sec au bout ; Et saichez que le doulz aignel Suscitera un Daniel Contre les faulx et hors du sens, Qui accusent les innocens, Jugent et laissent les coupables. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 160).

75

AGOUTTER   
-

[Dans un cont. métaph.] : En l'un des ruisseaulx sont laissées Ordes taiches et abaissées, En l'autre sont les choses mondes ; Si doit on bien amer telz undes. Ou tiers est l'esclarcissement : Paour reprime proprement Les faiz des pechiez et reboute ; Amour les pensers vilz agoute Des deliz de tout son pouoir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 217).

76

AGRAPPER   
-

[Dans un cont. métaph.] : Justice pugnist petis cas ; Petites gens prant a ses las (...). Mais, quant il vient une fort mouche A la toile, cil fait le louche Qui la deust prandre et happer ; Et li laist sa toile acraper, Emporter, froissier et desrompre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 150).

77

AGRÉABLE   
.

Agreable à Dieu. "Qui trouve grâce aux yeux de Dieu" : Or garde donc par quel maniere Ta clarté n'estaingne ne faille, Et que par mariage saille De toy lumiere pardurable, Belle au monde, a Dieu agreable (DESCH., M.M., c.1385-1403, 17). ...obeissance du cueur est plus agreable a Dieu que sacrifices de bestes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 173). ...c'est une chose qui n'est pas aggreable a Dieu et au monde que exultacion en prosperité (JUV. URS., Verba, 1452, 216).

78

AGUET   
a)

"Piège, traquenard, embûche " : Temptez est homs par maintz aguez, Combien qu'il soit saillant et guez ; Mais le plus si sont decheü, Se Dieu me [l. ne] doint bonne vertu, Par bourdes et par fol semblant (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 78). Nulz aguetz ne sont si repot Com ceulx qui se voeullent tappir Soubz couverture de servir. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 102). Et d'autre partie il sunt plus seurement et vivent plus sans peril que ne funt les autres ; car l'en ne fait pas contre eulz communelment agaes ne machinations ne il ne se estudient a faire fraudes et deceptions. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 187). ...ilz ne fussent par les agais Des femmes prins, mors ou desers. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 182). ...quans aguetz d'ennemis, dangiers des servans (...), ligues et riotes entre les siens, prince menant guerre est tenu d'escouter (CHART., Q. inv., 1422, 46). Et de ce dist Vallerius que la force punicque fut instruite des agaitz et trischeries d'Auffricque (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 48). Qui voeult eschever les aguets et perilz de son chat quant il est mascle, si lui coupe tout jus une paulme de sa queue ; car aprés que il a quatre ans, il pense nuyt et jour comment il pourra son maistre estrangler. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 137). Et combien que la fortune tournast contre luy, ce ne fut pas sa faulte d'emprandre ne de faire, et osa accomplir en sa personne ce que tant de princes abaient et menassent, et dont les ungs demeurent en negligence de la foy, pour leurs aises et delisses mondainnes et d'aultres pour leurs aguectz diaboliques, querans les pertuys et les voyes pour surprendre leurs voisins à la desmarche, pour les destruyre (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 200).

79

AGUET   
c)

"Préparation frauduleuse, mets empoisonné" : Pense illec venins (...) Enchantemens, poisons, agays De toriaux, (...) Qu'elle puist lors pour soy vengier A son mary faire mangier (DESCH., M.M., c.1385-1403, 64).

80

AGUETTER   
1.

"Guetter afin que " : Tousjours aguette comme uns leux (...) A ce qu'elle puist prandre proye (DESCH., M.M., c.1385-1403, 199).

81

AHANIER   
I. -

Subst. masc. "Laboureur" : Et s'orent fectes leurs disnees No cheval et no ahanier Ains qu'il se vaulsissent couchier. (Dit prunier B., c.1330-1350, 48). ...dist Ovide : "Auchune concorde est aux angins ensamble joins, et garde chaschun les aliances de son estude. Le vilain aime le ahanier, le chevalié chelui qui bien se porte en bataille forte, le maronnier aime le gouvreneur de la nef qui est en doubte". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 264). Adonques parla l'ahannier, Disans : Chascun jour labouron, Mais la semence du grenier Ne li germe n'est nul temps bon. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 52). ...quel part que il arivaissent, il estoient si povre que il ne se savoient de quoi monter, et se montoient li aucun (...) des chevaux des ahaniers que il trouvoient sus les camps. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 280). ...ce [labourer aux champs] doubtassent Les ahanniers, tout periroit (DESCH., M.M., c.1385-1403, 292). Adam respondit : "En aventure que Caym ne tue Abel, deseurans [l. deseurons] les et leurs fachons singuleirs maisons." Adont fist de Caym uns ahanier de terre et de Abel uns pastureal, affin qu'ilhs fussent separeis (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 314). Arator (...) : ahaneur, ahanier (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 30). Dont, pour decepvoir et attrapper laboureurs et chevaulx, se trouvèrent auprès de Forest, tirant sur Cambresis, où, de nuit, couvrirent de terre .VIII. de leurs pietons couchiéz en divers lieux comme cavains, fossés et royes, où leur sambloit que les ahenniers venroyent besongnier (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 132).

Rem. Doc. 1328, 1376, 1451 ds GD I, 174b. Doc. 1374 (ahennier) ds DU CANGE I, 151a, s.v. ahenagium.

82

AHEURTER   
1.

S'aheurter de/à + inf. "S'attacher à, s'obstiner à, mettre de l'opiniâtreté à..." : ...se de voulenté s'ahurte A faire mal et a pechier, On lui devroit plus reprouchier (DESCH., M.M., c.1385-1403, 322). Et cely aussi qui s'estoit ahurté a regarder le paon dessusdit [au jeu des échecs amoureux], pour sa merveilleuse beauté considerer, s'y amusa sy ententivement qu'il en avoit son gieu aussi que entreoublié, et ne ly souvenoit de traire se Amours ne ly eust ramentu, sy come il faint. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 757). Ne cuidez plus vous aheurter De me tenir soubz vostre tente, Car, par ma foy, j'en suis contente, et en deussiez vous advorter, Le dyable [vous puisse emporter] ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 212). Qui s'ahurte A servir dame leaument, Et contre envye et dangier hurte Pour la servir tres francement, Attent il avoir payement ? (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 51). Et pour ce ne se doit aucum ahurter a croire que l'ambicion des Anglois de dominer sur nous François pour y temporiser longuement, se diminue ou appetice (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 450).

83

AHEURTER   
b)

"(Être) attaché opiniâtrement à qqc." : Sire, s'il vous (...) boute En pensée de fame avoir, Vous l'en devez bon gré savoir (...) Car quant homme y est ahurté, En ayse vit, en verité, Plus grant que s'il estoit sanz famme (Mir. ste Bauth., c.1376, 82). Or regarde se plus envie As d'estre serf toute ta vie, Povre, et vivre en maleurté Que d'estre a richesce ahurté Et franc aussi. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 267). ...les vanitez de la terre, A quoi ilz sont trop ahurté. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 234). Ne soyons pas ahurtez a nostre teste ou jugement ou devocion ou affections, que nous ne croyons conseil des autres, tant ayons apparence de bien en noz entreprises. Autrement nous trebucherons legierement (GERS., P. Paul, a.1394, 500). ...ne soiez en vostre opinion si ahurtée qu'en la soustenant vous perdrez corps et ame (C.N.N., c.1456-1467, 143).

84

AHONTER   
I. -

Empl. trans. "Couvrir de honte, déshonorer" : Or sera grans mesquiés et blasmes aprouvés, Se je sui chi endroit enssement ahomtéz. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 238). Au longuement gesir n'i puet on conquester Joie, honnour ne prouffit, maix son corpz ahonter. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 613). Or m'a moult ahonté, sy que vous le veés. Ma niepce a vïolee maugré ses voulentés. Quel chose en doit on fere ? Jugement en rendés (Tristan Nant. S., c.1350, 642). Dame, se le monde a amie Ne vous avoit, li ennemis L'aroit tost a deshonneur mis Et ahonté. (Mir. parr., 1356, 38). Ovide, (...) Trop laidement parle des chiens Et en son livre nous raconte Un fait qui moult les chiens ahonte, C'est qu'il mengerent leur seigneur (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 418). Pour cë en ce cas tort avez, Amis, se vous en avés honte. Ou dittes que je vous ahonte : D'or en avant je m'en tairai Et l'amer de tous poins lairai ! (MACH., Voir, 1364, 2748). Par paroules fait ahonter Homme l'une (DESCH., M.M., c.1385-1403, 185).

85

AHONTER   
A. -

"Honteux, couvert de honte" : C'est li mors, dont ne me gaitoie, Qui m'a ostet sollas et joie, Qui m'a engingniet et trahi. Ha, fieus misericors, aimmi, De tous poins sui bien ahontée (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 132). Maix saichiez qu'il estoit moult nissement parrér : Il n'avoit nulle braie, dont moult fuit ahontéz... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 746). ...or suis ahontez Que je n'ose son desplaisir Penser (DESCH., M.M., c.1385-1403, 35). ...le monde, qui l'a en abhominacion, la debouteroit et chaceroit de tous lez, et pour ce, puisqu'elle est tant ahontee, jamais ne s'oseroit veoir entre gens (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 213).

86

AIDABLE   
2.

(Estre) aidable à qqn. "Être secourable à, soutenir qqn" : Dedens le chastel estoient bien IIc compaignons aydables les ungs aux aultres (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 312). Thobie perdit sa lueur, Mais sa femme lui fut aidable, Treshumble, doulce et charitable (DESCH., M.M., c.1385-1403, 12). C'est de leur [les pauvres] estre bien aydable Par euvre misericordable, Leur administrant par pité Ce qui leur fait necessité. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 550). Alons nous ent, que tous les dyables Nous soient en ce fait aidables. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 60). LUCIFER. ...Prens une legion de dyables, Lesquelx te seront aydables. (Pac. Job M., c.1448-1478, 230). En l'onneur de Dieu, je vous prye, Mon tres chier seigneur honnourable, Que vous me soiez aidable (Pac. Job M., c.1448-1478, 357). D'enfer garder pas ne te chailhe. J'ay assés gens pour m'aistre aydables. (Myst. ste Agathe B., c.1450-1500, 191). Or leur soit Dieux aidablez ! (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 773).

87

AIDER   
.

Si/ainsi m'aist Dieu : Chiére amie, je vous affi Que je vous en ameray miex Cent mille foiz, si m'aist Diex ! (Mir. femme roy Port., c.1342, 164). Vous dites voir, se m'aist Diex. (Mir. st Guill., c.1347, 13). Car, si m'ayt Dieus, je ne sui en nul estat qu'il ne me semble adés que je vous voie devant moi (MACH., Voir, 1364, XXXII). ...elle l'aime mieulx Que son mari, si m'ait Dieux. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 345). Si m'ait Dieu, sire, c'est grant festes ! Et que vault uns homs qui n'a teste ? (Gris., 1395, 45). J'apperceu le trait de ses yeulx, Tout empenné d'umbles requestes ; Si dis a par moy : "Se m'aist Dieux, Autel fumes comme vous estes". (CHART., B. Dame, 1424, 335).

88

AIDER   
1.

"Trouver en soi les moyens de faire ce qu'il faut, se suffire à soi-même, subvenir à ses besoins" : Celuy qui ne se puit aydier, Doit ons aidier, ce m'est auis. (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 223). A ce cop Dieux ne faurra pas, Qu'il ne nous conforte et aïde, Se nous requerons son aïde. Mais il faut que nous nous aidons Et que tres bien nous deffendons. (MACH., P. Alex., p.1369, 93). [Geronnet n'arrive pas à ouvrir la porte à ceux qui attendent] Adont leur dist : "Biaux seigneurs, aydiez vous et avanchiez, ne je puis ouvrir ceste seconde porte. Desrompé le a vos haces, aultrement vous n'en pourrez entrer en la ville." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 215). Par assault n'ot onques Reins mal : En ce temps bien se sceut aidier (DESCH., M.M., c.1385-1403, 375). ...ja avés vous si sousmis les Escoçois que il ne se poront aidier ne relever de grant temps (FROISS., Chron. D., p.1400, 265). Lors dist : "Biau sire Dieux, vrai perez droiturier, Se li miens cors fust sains, bien m'y seuïsse aidier !" (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 791).

89

AIDER   
a)

[...d'un membre du corps] "Se servir de, faire usage de" : L'oste qui fust [si] vertueus Qu'il prenoit en gre ses douleurs Dist a Orgueil : "Moult me merveille. Je n'ay que la langue et l'oreille De quoy je me puisse aïdier..." (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 188). Jamais ne de piez ne de mains Ne s'aidera. (Mir. st Panth., 1364, 341). Tant [la femme] se scet de sa langue aidier Qu'elle ara droit par son plaidier Encontre cellui qui l'accuse. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 99). ...une piere d'amont li fu jettee sus le brac et li rompi l'os, et ne s'en pot aidier depuis en grant temps. (FROISS., Chron. D., p.1400, 359). ...il portoit le plus beau membre (...) qui fust en toute la marche d'environ ; et avecques ce, et qui n'empire pas le jeu, il s'en aidoit tellement et si bien (C.N.N., c.1456-1467, 407). ...ung des religieux dudit lieu qui avoit les deux sexes d'omme et de femme ; et de chascun d'iceulx se aida tellement qu'il devint gros d'enfant (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 79). Romain, vien t'en a moy parler, Car je n'ay plus jambes ne bras De quoy je me puisse ayder. De peur je ne faiz que trambler Pour les choses que j'ay songé (Pass. Auv., 1477, 167).

90

AÏEUL   
1.

"Grand-père" : ...le nom et la pitié de son grant pere [var. d'aioul] (VIGNAY, Lég. dorée D.-L., c.1333-1335, 888). Abamita. abamite : la seur de l'aiol, la tante grans (Aalma R., c.1380, 5). Son aieul, sa taye ou sa mere, (DESCH., M.M., c.1385-1403, 105). Et doresenavant ne seront receuz par lesdis maistres des monnoies aucuns à ouvrer ou monnoier dudit serement de l'Empire, s'ilz ne sont filz d'ouvrier ou monnoier, ou filz de fille d'ouvrier ou monnoier, lequel pere ou ayeul maternel ait fait son espreuve et esté receu en aucune des monnoies dudit royaume (FAUQ., II, 1421-1430, 359). ...la recordation du cas du roy Charles le quint, ayel de Charles regnant (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 147). Et lequel Richart, aprés la mort dudit Edouart, son ayeul comme representant ledit roy Richart son pere, fut vray heritier dudit Edouart (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 176). ...ains morust josne homme, vivant son pere, et fust enterré a Napples, en l'esglise de Saint Dominicque, au costé de son ayeul. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 176). Et a la venue de ce preu chevalier, les pieces de ceste espee ressauldront quant il les mettera enssamble a la recommendation du bon Roy Mehaignié son aieul. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1125). Li heritaige l'avellet eschiet a grant pere. Jugement (...) que dit que, quant ung jonne enffans va de vie a mort et ne lait nul hoirs de son corps, ne suer ne frere, ne pere ne mere, que son heritaige et ces biens eschiënt devant a son adjuelle ou a son adjuel qu'il ne fait a ces couxins ou a cez couxines, que sont enffans dus frere ou de la suer ledit jonne enffans (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1343], 216-217).

91

AIGLE   
1.

"Aigle" : Je di que li aigles volans Fait souvent mains oiseaus dolans (MACH., D. Aler., a.1349, 355). L'aigle, qui est roy des oyseaulx, Par nature est si liberaulx Que de la proye que il prent, Se Plinius de ce ne ment, Aux autres oyseaulx en depart (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 302). ...puis avoloit pour soy mettre Un grant aigle sur mon visage (Mir. Berthe, c.1373, 199). ...butors, lanniers, Aigles, voultoirs (DESCH., M.M., c.1385-1403, 8). L'aigle, qui l'entraille a tenue, En l'ost des Grieux l'a devoree (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 156). ...vint a plain Un grant aygle tout en volant (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 156). Nous sommes, mes compaignons et moy, c'est assavoir l'esprevier, l'autour, le gerfault, l'esmerillon et l'ancipitre et pluseurs autres oyseaulx, de la tres noble lignee royalle de l'aigle (ROB. HERL., Déb. fauc. lévr. H., c.1470-1500, 29).

Rem. Cf. EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 650-651.

92

AIGU   
-

[D'une arme] : La pointe pongnant et agüe [de l'épée] Les paresseus point et argüe (MACH., P. Alex., p.1369, 14). Et celui qui jouste d'une lance ferree et agüe et cuide qu'elle soit senz fer et ronde au bout devant, et par ce navre son amy (ORESME, E.A., c.1370, 181). ...tu y trouveras l'amer Et au derrain le glaive agu (DESCH., M.M., c.1385-1403, 186). Toutes voyes, s'il est si fol, il doit avoir son espieu croisié, bien agu et bien taillant et bonne hante et forte. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 234). Et le conte, qui moult scot de la chasse, le va enferrer [le sanglier] en l'escu, de la pointe de l'espie qui moult fu agüe. Mais l'escu du sanglier fu si durs qu'il convint, par la force du sengler, le conte verser a genoulx. (ARRAS, c.1392-1393, 22). ...tresperçans plus que glaives agus pour pervenir jucquez a la division de l'ame joincte au corps sencitivement et de l'esperit eslevé a Dieu (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 85). Et a sa dextre derriere tenant une dague aigue [l. aigüe] pour poindre et frapper (Déclar. Hyst. S., a.1449, 158). Mais ainsi advint que fortune, qui a les yeulx bandez, et qui ne congnoist ne ne veult grant ne petit congnoistre, ains de sa perverse condiction et proprieté irraisonnable ressemble l'aigle ou l'oiseau de proye qui se fiert parmi les coulombs, et ne quiert ne demande que des meilleurs pour sa pasture et proye, ainsi fortune guida la picque ou la lance aiguë d'un villain maudit et desloyal (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 270).

93

AIGU   
-

[D'un objet] : Ilz portent mantealx recourciex, Chapealx aguz comme escuiers, Soulers a laix, manges a boton (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 368). S'en diray un petit argu D'un po d'aucun bos bien agu Dedens mole terre fichiez : Il seroit plus tost arrachiez C'uns qui seroit a grant effort Fichiez en un lieu dur et fort. (MACH., D. Aler., a.1349, 300). ...et si estoit la fourme de leurs escus telle car la partie soveraine estoit plus large pour couvrir le piz et les espaules, la basse partie estoit agüe pour plus legierement movoir (BERS., I, 9, c.1354-1359, 40.2, 73). ...solers (...) a poulaine Ronde, deliée et ague [l. agüe] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 49). ...et est l'entree petite et en fourme d'um escu, aguë dessus et large dessoubz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 78). Et avoient les chevaliers et escuyers leurs robes à longues manches aguës et chains de grosses chaintures plaines de clochettes (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 294).

94

AIGUIER   
"Vase muni d'une anse et d'un bec destiné à contenir de l'eau" : Icilz a son temps establi Que d'antor l'autel li vaissiau Si con chenetes et platiau, Et li aiguier et li bacin Fussent de voirre cler et fin. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 357). Idrius (...) : aiguier (Aalma R., c.1380, 192). Pintes, pos, aiguiers et chopines (DESCH., M.M., c.1385-1403, 47).

Rem. Doc. 1396 (un aighier a laver les mains) ds GD I, 187c.

95

AIGUILLE   
1.

"Fine tige d'acier pointue servant à coudre, aiguille" : Parmi ronces, parmi orties Et par espines plus agües Que ne sont aguilles molues. (MACH., D. Lyon, 1342, 171). Vecy Foy, le pasteur soubtilh, Qui poinchon at et escorgie, Flieme et pannetier[e] laichie, Waghe, iupilh et cappel gry, Alesne, forche, aguyel [l. aguye] et fy, Por ses soleir rataconneir (All. foi C., c.1350-1400 [p.1478], 257). ...bons chauçons, tissus de laine, Faiz a l'aguille (DESCH., M.M., c.1385-1403, 118). ...IIJ paires de chausses de fine escarlate faictes à l'esguille (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 207). ...et que lorsque elle faisoit ce que dit est, il empiroit moult fort audit de Ruilly, et sambloit que l'en le poignist par le corps de petites aguilles ou d'espingles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 294). ...a Harefleu, une quantité de megnys pour rapareillier pavaiz, 850 livres de plusieurs faiçons de cloux, une quantité de marchepiés et de corde, une quantité de fil et d'aguilles (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1390, 200). ...se c'est de ventosité la douleur se mue d'ung lieu en ung aultre et semble que une ageulle poingne les intestins et que on les perce d'ung foret (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 18).

96

AIGUILLE   
a)

"Épingle à cheveux" : Acus (...) aguille ou espingle ou ce a quoy on desmelle les cheveux (Aalma R., c.1380, 9). ...celle qui ses crins divise A aguille d'or qu'ell'a prinse (DESCH., M.M., c.1385-1403, 193).

97

AIGUILLE   
5.

Loc. prov. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer au Paradis. V. chameau : ...Et plus legierement passer Chamel d'aguille le pertruis Puet quë un riche en paradis. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 216). D'autre part dit saint theume et glose Que ce seroit aussi fort chose Passer par le tro d'une aguille Un chamel, texte est d'euvangille, Com d'un riche mondain seroit Qui en paradis entreroit (DESCH., M.M., c.1385-1403, 353). A ce propos Jhesucrist dit En l'ewangille ou n'a mesdit, Que plus tost un chamel chargié Yroit, sans estre deschargié, Par mi l'estroit et petit huis De l'eguille, qui a pertuis Bien petit, que un riche n'iroit En paradis, car lui nuiroit Sa richece. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 197). Et ailleurs il dist que neant plus que un chamel chargié entreroit ou pertuis d'un aguille, n'yroit un riche en Paradis. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 15).

98

AIGUILLON   
1.

"Morceau de fer pointu" : Il sacqua un espoy plus trenchant qu'aghuillon (Flor. Rome W., c.1330-1400, 187). ...li peneant (...) furent gens qui faisoient penitances publikes et se batoient d'escorgies à bourdons et aguillons de fier, tant qu'il desciroient leurs dos et leurs espaules. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 100). Sa maison [de la femme] est voie d'enfer, Plus aspre qu'aguillons de fer. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 190).

99

AIGUILLON   
b)

[Dans un cont. relig. (avec un compl. comme monde / peché / diable...)] "Tentation, en tant que source de douleur" : Or doubte (...) les aguillons Du monde et du diable (DESCH., M.M., c.1385-1403, 340). ...toutes nos vanités sont pleines de griefs aguillons, plus poignans a l'ame que ne sont espines au corps (GERS., Passion I G., 1403, 492). Aiguillon du pechié (Somme abr., c.1477-1481, fº 89).

100

AIGUILLONNER   
b)

"Harceler, accabler" : Aguillonnez sui de mes anemis Qui en mon cuer ont meintes peinnes mis. (MACH., Compl., 1340-1377, 251). ...sa femme l'aguillonnoit De nuit et par jour le poingnoit (DESCH., M.M., c.1385-1403, 32). Maiz une chose te vueil dire, Deprïer et amonnester : Que des aguillons molester Tu ne vueilles ceste espousee, Dont tu as l'autre aguillonnee (Gris., 1395, 94). ...il [le clergé] vit les parolles trop multiplier et approucher aux faiz et qu'il se senti point et aguillonné de la charge que chascun boutoit de soy pour verser sur lui (CHART., Q. inv., 1422, 44). D'oyr ainsi ce prescheur blasonner, Larder, picquer et trop esguillonner Noz mignonnes de Paris excellentes, Cela me feist quelque peu estonner (MAXIMIEN, Avocat dames Paris M.R., c.1485-1490, 15).

Recherche arrêtée après 100 réponsesToutes les réponses
Fermer la fenêtre